Avec le décès du pape François le 21 avril, l’Église catholique se prépare à une transition qui déterminera sa direction pour les années à venir. Premier pape latino-américain, François a apporté des changements majeurs en tant qu’évêque de Rome, mettant l’accent sur la justice sociale, les questions environnementales et une Église plus inclusive.
Désormais, le Collège des cardinaux se prépare à se rassembler au Vatican pour un conclave qui façonnera l’avenir de l’Église. Leur choix ne désignera pas seulement le prochain chef des 1,37 milliard de catholiques : il fixera aussi le cap en matière de doctrine, de transparence et d’ouverture de l’Église envers ses fidèles.
Le prochain pape poursuivra-t-il les réformes progressistes de François, ou les cardinaux reviendront-ils à un conservatisme théologique ? La réponse sera connue lorsque la fumée blanche s’élèvera de la chapelle Sixtine.
Influence de François sur l’élection
Le prochain pape héritera d’une Église façonnée par les nominations et les réformes de François. Son pontificat a vu des changements structurels majeurs, notamment la décentralisation du pouvoir du Vatican et la nomination de plus de cardinaux non-européens que jamais auparavant.
Cependant, son style de gouvernance a laissé le Collège des cardinaux dans une position incertaine. « Il a sélectionné la majorité des cardinaux ayant le droit de vote », explique Ulrich Lehner, professeur de théologie à l’Université de Notre-Dame.
« Cependant, son approche, marquée par des décisions unilatérales sans consultation du Collège, a empêché la formation de relations interpersonnelles entre eux. »
Un enjeu clé pour le conclave sera la gestion par François des affaires d’abus sexuels, qui a divisé les dirigeants de l’Église.
« Surtout, les électeurs peuvent-ils faire confiance à la personne qu’ils élisent pour ne pas être un prédateur sexuel qui pourrait être exposé ? » s’interroge Lehner.
Selon Michelle Dillon, doyenne du Collège des arts libéraux de l’Université du New Hampshire, « François a constamment cherché à apporter plus de transparence et de professionnalisme à la Curie. » Pourtant, certains cardinaux restent sceptiques face à son ouverture au monde séculier, craignant que l’Église ne perde son identité propre.
Comment le prochain pape est-il choisi ?
L’élection du pape suit des traditions séculaires du Vatican. Le Collège des cardinaux, composé de ceux âgés de moins de 80 ans, vote à bulletins secrets dans la chapelle Sixtine. Une majorité des deux tiers est requise pour élire un nouveau pape. Si aucun consensus n’est atteint, des tours de scrutin supplémentaires sont organisés jusqu’à ce qu’un candidat obtienne le soutien nécessaire. Les bulletins sont brûlés après chaque tour : une fumée noire indique la poursuite du conclave, la fumée blanche l’élection d’un nouveau pape.
Qui sont les principaux candidats ?
Selon les observateurs et les bookmakers du Vatican, plusieurs cardinaux de haut rang sont favoris dont Luis Antonio Tagle (Philippines) : Favori avec une cote de 3:1, Tagle, 67 ans, est perçu comme le candidat le plus apte à poursuivre l’agenda progressiste de François. Il est engagé pour l’inclusion et l’évangélisation, et son héritage asiatique est un atout alors que le catholicisme croît rapidement en Asie.
Pietro Parolin (Italie), avec une cote de 4:1, Parolin, 70 ans, Secrétaire d’État du Vatican depuis 2013, est un modéré théologique, apprécié pour sa stabilité et ses liens avec la bureaucratie vaticane.
Peter Turkson (Ghana) : à 5:1, Turkson, 76 ans, est connu pour son engagement en faveur de la justice sociale. Son élection serait historique, faisant de lui le premier pape africain depuis l’Antiquité.
Peter Erdő (Hongrie) : Candidat conservateur à 6:1, Erdő, 72 ans, est un spécialiste du droit canonique et défenseur de l’orthodoxie doctrinale.-
Angelo Scola (Italie) : À 8:1, Scola, 82 ans, est un candidat traditionnel, ancien archevêque de Milan, apprécié par ceux qui souhaitent un retour à une Église plus centralisée, bien que son âge puisse jouer contre lui.
Et après ?
Le conclave commence généralement 15 à 20 jours après la mort du pape, le temps des funérailles, du deuil et de l’arrivée des cardinaux du monde entier. L’issue restera incertaine jusqu’à l’élection, les différentes factions idéologiques devant choisir entre la continuité et un retour au conservatisme.
Le prochain pape héritera d’une Église à la croisée des chemins : perte d’influence en de Europe et en Amérique du Nord, croissance dans le Sud global, et débats internes persistants sur son avenir.
Cet article est une traduction d’un article publié sur le site The Newsweek. Vous pouvez lire l’intégralité en anglais sur https://www.newsweek.com
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