Le gouvernement congolais hausse le ton. Par la voix du Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Shabani Lukoo Bihango, la République démocratique du Congo accuse à nouveau l’armée rwandaise et ses alliés des groupes rebelles d’être à l’origine d’exactions massives dans les territoires occupés des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Dans un communiqué officiel publié ce mercredi 18 juin 2025, le gouvernement congolais dénonce une série de crimes graves commis entre le 9 mai et le 16 juin 2025 : 289 assassinats et exécutions sommaires, 102 viols, 270 cas de torture, des centaines de disparitions forcées, des arrestations arbitraires, ainsi que des pillages et des recrutements forcés dans les zones sous contrôle des forces rwandaises et du M23.
« Le massacre de plus de 100 personnes et l’incendie de centaines de maisons dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, en disent long sur l’ampleur de la barbarie », affirme le ministère.
Le communiqué évoque également des faits troublants : l’imposition d’une administration parallèle avec la nomination d’un « gouverneur » dans les zones occupées, la transplantation de populations rwandaises, et la traque ciblée de réfugiés congolais assimilés aux FDLR dans le but de faciliter leur expulsion vers le Rwanda. La RDC accuse également le Rwanda d’avoir nommé un responsable de la Commission nationale pour les réfugiés (CNR) en territoire congolais, un certain Jean Damascène Mwigimba, chargé, selon le communiqué, d’organiser le repeuplement et de traquer les réfugiés.
Le gouvernement congolais dénonce une violation flagrante du droit international, citant notamment la Charte des Nations Unies, l’Acte constitutif de l’Union africaine, la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés, et la résolution 2773 du Conseil de sécurité.
« Kigali cherche délibérément à échapper au cadre de la Tripartite RDC-HCR-Rwanda », alerte Kinshasa, qui y voit une stratégie pour imposer unilatéralement un repeuplement des zones sous occupation, en dehors de tout processus concerté.
Le gouvernement appelle les partenaires internationaux à ne pas céder à cette logique de fait accompli et à refuser toute collaboration avec les structures mises en place par les forces d’occupation.
Le ministère de l’Intérieur assure par ailleurs qu’il poursuivra la documentation rigoureuse des violations commises, en vue de traduire les auteurs devant la justice, nationale comme internationale.
Berm’s Bamba