Le ministre congolais du commerce extérieur, Julien Paluku, a dressé un tableau accablant des causes profondes de l’instabilité chronique dans cette région. Lors d’une table ronde organisée à Londres sur « L’origine des conflits à l’Est de la RDC », l’ancien gouverneur du Nord-Kivu a mis en lumière un enchevêtrement complexe de facteurs historiques, politiques, économiques et sociaux, alimentés par la convoitise des ressources naturelles.
« 10 millions de morts, 7 millions de déplacés, 3 millions d’enfants privés d’éducation et plus de 500 000 femmes victimes de violences sexuelles », rappelle Julien Paluku.
Par ailleurs, cette autorité morale du parti politique membre de l’Union sacrée (BUREC) a souligné que même des zones protégées comme le parc national des Virunga, sanctuaire des gorilles de montagne, ont été ravagées par la violence.
Le ministre a expliqué que « les rivalités ethniques héritées de la colonisation, les conflits fonciers, les tensions autour de la nationalité, ainsi que la faiblesse structurelle de l’État et l’impunité généralisée » sont des causes fondamentales de cette crise. Il a également dénoncé la « prédation économique, la corruption et la lutte pour le contrôle des ressources » qui attisent les tensions et freinent le développement national, pointant ainsi du doigt le Rwanda comme pays agresseur de la République Démocratique du Congo.
« Ce n’est pas un conflit tribal. Ce n’est pas une insurrection. C’est une guerre d’agression menée par un État voisin », a déclaré Julien Paluku.
Il a dénoncé le rôle du Rwanda dans la déstabilisation, notamment le soutien militaire au groupe rebelle M23 et le pillage des minerais congolais, qui profite aussi à l’économie rwandaise, notamment via l’exportation de cassitérite, wolframite, coltan et tantale, ainsi que le tourisme lié aux gorilles de montagne.
Face à ce sombre constat, Julien Paluku a lancé un appel à un changement de perspective.
« La RDC, riche en ressources et en potentiel humain, pourrait devenir un pilier majeur du développement en Afrique centrale », a-t-il poursuivi avant d’annoncer l’organisation dans les jours prochains d’une mission économique et commerciale britannique en RDC en octobre, destinée à renforcer les partenariats et promouvoir les investissements dans un pays qui aspire à la paix et à la prospérité.
Elias Lwayivweka