Le groupe armé AFC/M23, qui contrôle certaines régions du Nord-Kivu, a annoncé la création d’un Bureau d’Enregistrement et de Développement (BED), destiné à encadrer l’activité économique dans les zones sous son contrôle.
Cette initiative, dévoilée dans une note circulaire signée le 30 avril 2025, impose aux opérateurs économiques locaux – commerçants, transporteurs et propriétaires de véhicules – de s’enregistrer auprès de ce bureau en échange d’un certificat d’exercice.
Présentée comme un outil de transparence et de développement, elle suscite cependant de vives critiques. Pour de nombreux observateurs, cette démarche constitue une tentative de légitimation de l’occupation et une instrumentalisation de l’économie locale à des fins politiques.
En attribuant à l’AFC/M23 des prérogatives normalement réservées à un État souverain, comme la délivrance de documents officiels ou la gestion financière d’une région, cette mesure semble renforcer son emprise sur les territoires occupés, au détriment des lois de la République.
L’absence de contrôle indépendant sur les fonds collectés nourrit également les inquiétudes : ces ressources seront-elles réellement consacrées au développement ou serviront-elles à financer l’appareil militaire du groupe rebelle ?
En outre, cette obligation d’enregistrement pourrait représenter une pression supplémentaire sur une population déjà fragilisée par l’insécurité et les déplacements forcés, transformant ce système en une contrainte.
Ainsi, au-delà des discours officiels vantant le développement local, la mise en place du BED apparaît avant tout comme un outil politique destiné à consolider l’autorité du mouvement, en contradiction avec l’État congolais.
Ignace BIN MUHENDO