L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, actuellement à Goma, s’apprête à s’adresser à la nation dans les prochains jours, selon un communiqué de sa conseillère en communication, Barbara Nzimbi.
Cette annonce intervient dans un climat de vives suspicions sur ses liens présumés avec l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et le Mouvement du 23 mars (M23), un groupe rebelle soutenu par le Rwanda, actif dans l’est du pays. Ces accusations, portées par le pouvoir en place, placent l’ancien chef d’État sous les projecteurs alors qu’il semble préparer un retour politique. Le président Félix Tshisekedi et des figures de son gouvernement, comme le vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba, accusent Kabila d’être le « parrain » de l’AFC, une coalition politico-militaire dirigée par Corneille Nangaa et intégrant le M23. En août 2024, Tshisekedi déclarait sans détour : « l’AFC, c’est [Kabila] », l’accusant de fomenter une « insurrection ».
En mars 2025, Bemba a affirmé détenir des preuves de l’implication de Kabila non seulement avec l’AFC/M23, mais aussi avec les miliciens Mobondo dans d’autres provinces. Ces allégations s’appuient notamment sur le ralliement de trois anciens cadres du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), le parti de Kabila, à l’AFC lors d’un meeting à Kiwanja en mars 2024.
La présence de Kabila à Goma, fief du M23, rapportée par des sources proches de l’AFC et des posts sur X, alimente davantage ces spéculations.Le gouvernement a intensifié ses actions contre l’entourage de Kabila, perquisitionnant ses propriétés et interdisant à des proches, comme Aubin Minaku et Ramazani Shadary, de quitter le pays pour « suspicions de complicité avec l’AFC/M23 ».
Pourtant, Kabila et son camp rejettent catégoriquement ces accusations. En mars 2025, l’ancien président a exigé des preuves, déclarant : « Si j’étais complice de l’AFC-M23, la situation serait différente ».
Le PPRD, par la voix de Ferdinand Kambere, a insisté sur le fait que les ralliements à l’AFC étaient des initiatives individuelles, sans lien avec Kabila ou le parti. Des analystes, comme Trésor Kibangula, appellent à la nuance, soulignant que l’AFC inclut des anciens membres d’autres partis, ce qui complexifie les accusations.
Dans ce contexte tendu, l’allocution de Kabila depuis Goma est très attendue. Elle pourrait clarifier sa position vis-à-vis de l’AFC/M23 ou, au contraire, exacerber les tensions avec le pouvoir en place. Alors que la RDC fait face à une crise sécuritaire dans l’est, la présence de Kabila à Goma et les soupçons qui l’entourent risquent de polariser davantage la scène politique, dans un pays où la quête de stabilité reste un défi majeur.