La Constitutionnelle a clos ce mercredi 23 avril 2025 l’audience du procès sur le présumé détournement des fonds du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, promettant un verdict le 14 mai prochain, malgré l’absence des prévenus. Le président de la Cour, Dieudonné Kamuleta, a annoncé la date du jugement à l’issue de l’audience dominée par le réquisitoire du ministère public.
Le procureur général John-Prospere Mayele Moke a requis 20 ans de travaux forcés contre Augustin Matata Ponyo, Deogratias Mutombo et Grobler Kristo Stéphanus pour le détournement présumé de 195 millions USD.
Il a demandé leur arrestation immédiate, l’interdiction d’accès aux fonctions publiques, ainsi que la privation des droits de vote et d’éligibilité après la peine, respectivement pour 10 ans et 5 ans pour Matata Ponyo et Mutombo.
Le ministère public a également sollicité la privation de la libération conditionnelle et de la réhabilitation pour tous les prévenus, ainsi que l’expulsion définitive de Grobler Kristo Stéphanus après sa peine.
« Vous ordonnerez l’expulsion définitive du territoire national après l’exécution de la peine du prévenu Grobler Kristo Stéphanus. Condamnez chaque prévenu aux frais d’instance. Et ce sera justice », a-t-il conclu.
Les prévenus, dont Matata Ponyo, ne se sont pas présentés à l’audience, invoquant leurs immunités parlementaires, ce que la Cour a rejeté en prononçant le défaut. Trois inspecteurs généraux des finances, auteurs du rapport sur la gestion du projet, ont témoigné de la responsabilité pénale de Matata Ponyo, précisant que le projet était géré directement par la Primature sous son mandat, avec des surfacturations et des liens étroits entre les sociétés bénéficiaires et les prévenus.
Ils ont souligné que « parmi les bénéficiaires des financements de ce projet figuraient une société dont les associés étaient la femme d’Augustin Matata Ponyo, son frère et la femme de Grobler Kristo Stéphanus ».
Le procès, au cœur d’une affaire de détournement de fonds publics estimés à plus de 285 millions de dollars, se poursuit donc sans les accusés, dans un climat tendu entre justice et politique.
La Haute Cour promet de rendre sa décision finale le 14 mai 2025, mettant fin à une longue saga judiciaire aux lourdes implications pour la gouvernance en République démocratique du Congo.
Elias Lwayivweka