Les propos tenus récemment par le Vice-Premier Ministre et Ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba, visant l’ex-président Joseph Kabila, l’opposant Moïse Katumbi ainsi que certains membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), continuent d’alimenter une vive polémique à travers le pays.
Dans une interview accordée à nos confrères de la Radio Top Congo FM, Bemba a formulé de graves accusations contre ces figures politiques et religieuses, provoquant une onde de choc dans les milieux politiques et de la société civile. Les réactions n’ont pas tardé, notamment du côté de l’opposition.
Lamuka interpelle la justice
La coalition Lamuka, dirigée par Martin Fayulu, appelle à une réaction immédiate des autorités judiciaires. Prince Epenge, porte-parole de la plateforme, s’est exprimé en ces termes :
« Les propos tenus par M. Bemba, dans un contexte de guerre, sont répréhensibles, immatures, tribalistes, séparatistes, irrespectueux et vulgaires à l’égard des vies congolaises en péril ».
Selon lui, ces déclarations sont d’une extrême gravité et justifient une intervention du Procureur général près la Cour de cassation :
« M. Bemba doit apporter des preuves de ses allégations. Ces affirmations visent à court-circuiter les efforts en cours pour instaurer un dialogue entre Congolais. »
Dialogue national mis en cause
Pour Lamuka, les propos de Jean-Pierre Bemba vont à l’encontre de l’appel au dialogue national inclusif, une option que plusieurs forces politiques estiment nécessaire pour sortir de la crise actuelle.
Prince Epenge va plus loin, accusant le leader du MLC d’adopter une posture délibérément conflictuelle :
« Pourquoi a-t-il peur du dialogue ? Pourquoi attise-t-il la division dans une maison Congo déjà en feu ? » s’interroge-t-il.
Démentis et réserves
Au-delà de la classe politique, d’autres voix se sont élevées pour contester les affirmations du VPM. Le Conseil National de suivi de l’Accord de la Saint-Sylvestre (CNSA) a exprimé ses réserves, dénonçant une tentative de brouiller les lignes à un moment critique pour le pays.
Dans le même sens, Christian Lusakweno, directeur de la radio Top Congo, a rapidement apporté un démenti public sur plusieurs points évoqués par Jean-Pierre Bemba lors de son intervention, renforçant les doutes sur la véracité des accusations portées.
Un climat politique fragilisé
Cette polémique intervient dans un contexte sécuritaire tendu, notamment à l’Est du pays, et pourrait aggraver les divisions au sein de la classe politique congolaise. Elle met également à l’épreuve la cohésion gouvernementale, Bemba étant membre de l’exécutif.
Pour l’instant, aucune réaction officielle n’a été enregistrée de la part des personnalités citées, ni du ministère public. Mais au regard des tensions suscitées, le débat est désormais relancé sur la responsabilité des membres du gouvernement dans la préservation de l’unité nationale, en période de crise.
Berm’s Bamba RDC