L’affaire suscite de vives réactions au sein de l’opinion publique et du paysage politique congolais. Le réquisitoire adressé par le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, contre Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances et député national de l’UDPS, a été rejeté par la commission spéciale de l’Assemblée nationale. Cette dernière n’a pas autorisé l’instruction judiciaire, renvoyant la décision finale à la plénière prévue pour ce samedi 14 Juin 2025.
Une sortie médiatique à l’origine de l’affaire
Le 2 juin 2025, lors d’une séance plénière à l’Assemblée nationale, le réquisitoire du procureur a été lu par le rapporteur Jacques Djoli. Ce dernier a relaté les faits reprochés à Nicolas Kazadi, consécutifs à une déclaration publique du 4 mai 2025. Dans cette intervention, l’élu de Miabi (Kasaï Oriental) dénonçait sans détours « une gabegie financière à outrance » au sommet de l’État, évoquant une gestion publique minée par « la culture de la jouissance » et un mépris flagrant pour l’orthodoxie budgétaire.
L’ancien ministre n’avait pas hésité à pointer du doigt des projets improductifs financés à des fins de détournement, ainsi qu’une prolifération incontrôlée d’établissements publics ne répondant à aucune logique administrative. Plus encore, il s’en est pris au « mauvais entourage » du président de la République, accusant certains proches collaborateurs d’abus de pouvoir et de pratiques mafieuses.
Des accusations lourdes aux allures de révélations
Parmi les éléments les plus sensibles retenus dans le réquisitoire, figure la divulgation présumée de secrets d’État. Nicolas Kazadi aurait, selon Firmin Mvonde, révélé des dossiers confidentiels ayant été discutés en conseil des ministres, dans le but d’étayer ses critiques. Il aurait aussi évoqué le paiement irrégulier des jetons de présence, géré directement par l’Inspection générale des finances, court-circuitant ainsi les attributions du ministère des Finances.
Pour le procureur, ces déclarations sont constitutives de deux infractions : la propagation de faux bruits et la divulgation de secrets d’État. Il demande dès lors, à la Chambre basse du Parlement d’autoriser l’ouverture d’une instruction judiciaire contre le député Kazadi.
Une commission prudente, une plénière attendue
Pour l’heure, la commission temporaire présidée par le député Raphaël Kibuka a décidé de ne pas aller de l’avant. Elle a refusé d’autoriser la levée des immunités parlementaires, estimant sans doute que les faits nécessitent un débat plus large. C’est donc la plénière de l’Assemblée nationale, prévue ce samedi 14 Juin 2025, qui devra trancher sur l’opportunité ou non d’autoriser la poursuite de cette affaire explosive.
Un dossier à forts enjeux politiques
Cette procédure vise une figure de proue de la majorité présidentielle, qui a décidé de prendre ses distances en dénonçant la mauvaise gestion du pays sous Félix Tshisekedi. L’affaire pourrait bien mettre à l’épreuve la solidité du camp présidentiel, mais aussi la capacité des institutions congolaises à garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire face aux tensions politiques.
Berm’s Bamba